Le plan d'opération interne POI

Plan d’Opération Interne (POI) — Le premier maillon de la gestion de crise industrielle

Introduction au Plan d’Opération Interne (POI)

Le Plan d’Opération Interne (POI) est le premier réflexe d’une organisation industrielle face à l’imprévu.
Il s’agit du plan d’urgence interne qui encadre, minute après minute, la réaction du site en cas d’incendie, d’explosion, de fuite ou d’émission toxique.

Obligatoire pour les établissements Seveso seuil haut, le POI n’est pas un simple document réglementaire. C’est un outil opérationnel, conçu pour sauver des vies, limiter les effets d’un accident et préparer l’arrivée des secours publics.

Il définit clairement qui décide, qui agit et comment : le DOI (Directeur des Opérations Internes), le COI (Commandant des Opérations Internes) et les Équipes de Sécurité Interne (ESI). Ensemble, ils forment la première ligne de défense de l’entreprise.

Mais un POI n’a de valeur que s’il est vivant, connu de tous et testé régulièrement.
De la conception à l’exercice, cet article détaille comment transformer un plan d’urgence en véritable culture de préparation, au service de la sécurité collective.

1. Le POI, premier maillon de la gestion de crise industrielle

Lorsqu’un incident majeur survient sur un site industriel, les premières minutes sont déterminantes.
Avant même que les secours publics n’arrivent, c’est l’organisation interne de l’exploitant qui fait la différence entre une alerte maîtrisée et un accident majeur.
C’est précisément la vocation du Plan d’Opération Interne (POI) : encadrer la réaction immédiate du site, en mobilisant les bons acteurs, avec les bons gestes, dans le bon ordre.

1.1. Un plan d’urgence avant tout opérationnel

Le POI n’est pas un document figé. C’est une procédure d’action destinée à répondre à tout événement susceptible d’avoir des conséquences graves sur le personnel, les installations ou l’environnement.
Il fixe les objectifs prioritaires :

  • Sauver les vies humaines ;
  • Limiter la propagation ou l’intensité du sinistre ;
  • Protéger l’environnement et les populations voisines ;
  • Alerter rapidement les secours publics et les autorités.

Chaque établissement Seveso seuil haut doit élaborer, maintenir à jour et tester régulièrement ce plan. Mais au-delà de l’obligation réglementaire, le POI constitue la première brique d’une culture de crise structurée.

1.2. Une organisation hiérarchisée et réactive

Le POI repose sur une chaîne d’acteurs clairement identifiés, chacun ayant un rôle précis :

  • Le DOI (Directeur des Opérations Internes) pilote la stratégie globale et prend les décisions.
  • Le COI (Commandant des Opérations Internes) coordonne les interventions sur le terrain et rend compte au DOI.
  • Les ESI (Équipes de Sécurité Interne) interviennent directement sur le sinistre (incendie, fuite, confinement…).
  • Le PC interne ou Poste de Commandement d’Exploitation (PCEx) centralise les informations et coordonne les actions.

Cette structure hiérarchique garantit la fluidité du commandement, la rapidité de l’action et la sécurité des intervenants.
Elle permet aussi une articulation claire avec le Commandant des Opérations de Secours (COS) dès que les secours publics prennent la relève.

1.3. Du document à la pratique

Un POI bien conçu ne suffit pas.
Encore faut-il que chacun connaisse son rôle, ses gestes, son matériel et les chaînes d’alerte.
C’est pourquoi les sites les plus performants font du POI un outil vivant : régulièrement mis à jour, testé en exercice, et intégré dans la formation continue du personnel.
Car dans la gestion de crise, la clé n’est pas d’avoir un plan : c’est de savoir l’appliquer sans hésitation.

2. Les acteurs du POI : du DOI aux équipes d’intervention

Un Plan d’Opération Interne repose avant tout sur des femmes et des hommes capables d’agir vite et juste.
Chaque rôle y est défini pour garantir une réactivité sans faille et une coordination efficace entre le terrain et le commandement.
Ces fonctions ne sont pas symboliques : elles traduisent une logique d’organisation éprouvée, inspirée des doctrines de sécurité civile et des référentiels GESIP.

2.1. Le DOI — Directeur des Opérations Internes

Le DOI est le responsable ultime de la gestion de l’événement à l’intérieur du site.
Souvent un membre de la direction (chef d’établissement, directeur de production, HSE manager selon la taille du site), il détient le pouvoir décisionnel et assure la liaison stratégique avec les autorités.
Ses principales missions :

  • Évaluer la situation globale et décider de l’activation du POI ;
  • Mobiliser les ressources internes et externes ;
  • Garantir la sécurité du personnel et des intervenants ;
  • Informer le préfet et les secours dès le déclenchement du plan ;
  • Préparer la passation de commandement au Commandant des Opérations de Secours (COS) dès que la gestion externe débute.

Le DOI incarne la responsabilité de l’exploitant. Sa présence garantit que chaque décision soit prise avec une vision d’ensemble, en lien avec les priorités de sécurité et la continuité d’exploitation.

2.2. Le COI — Commandant des Opérations Internes

Sous l’autorité du DOI, le COI dirige les actions opérationnelles sur le terrain.
C’est le chef d’orchestre des moyens internes : équipes d’intervention, confinement, premiers secours, surveillance.
Son rôle est tactique et réactif :

  • Recevoir les ordres du DOI et les traduire en actions immédiates ;
  • Superviser les ESI et contrôler la mise en œuvre des consignes ;
  • Assurer le contact radio avec le PCEx (Poste de Commandement d’Exploitation) ;
  • Rendre compte en continu de la situation, des évolutions et des besoins.

Le COI agit au plus près du sinistre, souvent équipé de moyens de communication autonomes, pour coordonner les efforts sans jamais compromettre la sécurité des intervenants.

2.3. Le PCEx — Poste de Commandement d’Exploitation

Le Poste de Commandement d’Exploitation (PCEx) est le centre nerveux de la crise interne.
C’est là que convergent les informations, les communications et les décisions.
On y retrouve généralement :

  • Le DOI et ses conseillers techniques (HSE, maintenance, sécurité, communication) ;
  • Le COI en liaison radio ou vidéo ;
  • Un agent dédié à la main courante et au suivi chronologique des événements.

Le PCEx assure la traçabilité des décisions, la synchronisation des actions et le suivi de la communication interne et externe (préfecture, SDIS, communes voisines).

2.4. Les ESI — Équipes de Sécurité Interne

Les Équipes de Sécurité Interne (ESI) constituent la première ligne d’intervention.
Composées de salariés formés (souvent SST, équipiers de première intervention ou SSIAP), elles sont réparties sur site pour assurer les premières actions :

  • Détection, alerte et première évaluation de la situation ;
  • Sauvetage, extinction ou confinement selon la nature du sinistre ;
  • Appui technique au SDIS à leur arrivée (plans, produits, accès, risques résiduels).

Leur efficacité dépend de la formation continue, de la connaissance du site et de la coordination avec les secours externes.
Elles jouent un rôle décisif durant les premières minutes, celles où tout peut encore être maîtrisé.

2.5. La coordination avec les secours publics

Dès l’arrivée du SDIS, le Commandant des Opérations de Secours (COS) prend la direction des opérations extérieures.
Le DOI, depuis le PCEx, conserve la responsabilité du site, mais le COS dirige les actions de secours et la protection des populations.
Cette coordination repose sur des échanges fluides :

  • Remontée d’informations via le PCEx et le COI ;
  • Transmission du plan du site et des fiches réflexes au COS ;
  • Intégration éventuelle du DOI ou du COI dans la cellule de crise préfectorale (COD).

Cette articulation entre commandement interne et externe est l’un des points clés de la doctrine GESIP : elle garantit la continuité de la gestion sans rupture d’information.

3. Contenu et structure d’un POI efficace

Un Plan d’Opération Interne ne se limite pas à une compilation de procédures.
C’est un document structuré, opérationnel et hiérarchisé, destiné à être utilisé dans l’urgence.
Il doit permettre à toute personne formée — dirigeant, technicien, pompier interne ou externe, de comprendre rapidement qui alerte, qui agit et comment.
La qualité du POI repose donc sur une double exigence : la clarté du fond et la lisibilité de la forme.

3.1. La structure type du POI selon les bonnes pratiques GESIP

Un POI complet s’articule généralement autour de six grandes parties :

  1. Objectifs et champ d’application
    • Nature des risques couverts (incendie, explosion, fuite toxique, rupture de confinement, etc.).
    • Périmètre du plan : zones concernées, limites d’action interne.
    • Objectifs stratégiques : protection du personnel, des biens et de l’environnement.
  2. Organisation de crise
    • Identification des acteurs internes : DOI, COI, PCEx, ESI.
    • Schéma d’organisation et chaîne de commandement.
    • Rôles, délégations et suppléances.
    • Liaisons avec les acteurs externes (SDIS, DREAL, préfecture, mairie…).
  3. Procédures d’alerte et de communication
    • Détection et signalement des incidents.
    • Moyens d’alerte internes (sirènes, radios, appels hiérarchiques).
    • Déclenchement du POI et information du SDIS / autorités.
    • Gestion de la communication interne et externe (médias, riverains, collectivités).
  4. Moyens humains et matériels
    • Composition et disponibilité des équipes ESI.
    • Moyens d’extinction (réseaux, réserves, mousse, eau, gaz inerte).
    • Moyens de confinement, de protection et de premiers secours.
    • Moyens logistiques (plans, cartographie, radios, groupes électrogènes, etc.).
  5. Scénarios d’accidents et fiches réflexes
    • Sélection des scénarios représentatifs de l’étude de dangers (EDD).
    • Fiches réflexes par type d’événement (incendie, fuite, explosion, pollution, etc.).
    • Actions chronologiques : alerte, isolement, mise en sécurité, repli.
    • Points de rassemblement, circuits d’évacuation, zones de repli.
  6. Retour à la normale et post-accident
    • Procédure de levée d’alerte.
    • Évaluation des dégâts et premiers diagnostics environnementaux.
    • Prise en compte du retour d’expérience (REX).
    • Actualisation du plan à la suite de l’événement.

3.2. Les clés d’un POI opérationnel

Pour être réellement utile, le POI doit répondre à trois critères majeurs :

  • Lisibilité : une personne extérieure (SDIS, DREAL, remplaçant) doit pouvoir comprendre la logique du plan en moins de 5 minutes.
  • Pertinence : les scénarios et moyens doivent être réalistes et régulièrement actualisés.
  • Accessibilité : le plan doit être disponible sous format numérique et papier, consultable immédiatement depuis le PCEx.

Les meilleures pratiques GESIP recommandent également :

  • Des fiches réflexes courtes, illustrées, avec pictogrammes et numéros directs.
  • Un résumé synthétique à disposition dans chaque atelier ou poste de garde.
  • Des plans schématiques (réseaux, accès, zones à risques) intégrés directement au document.

3.3. Le POI comme outil de management de la sécurité

Un POI efficace ne se résume pas à une exigence réglementaire.
Il s’inscrit dans une démarche de management intégré des risques :

  • cohérence avec le Système de Management HSE ou ISO 45001 ;
  • intégration dans la formation du personnel et les audits internes ;
  • articulation avec le PDI, le PPI et les plans de continuité d’activité (PCA).

En d’autres termes, le POI devient un levier de performance HSE, au même titre que la maintenance préventive ou la formation sécurité.
Un plan connu, testé et compris transforme une obligation en avantage : celui d’un site capable de réagir vite, de protéger efficacement et de redémarrer sereinement.

4. Exercices, retours d’expérience et mise à jour du POI

Un plan de crise n’a de valeur que s’il fonctionne en situation réelle.
Entre un document théorique et un dispositif opérationnel, la différence se joue dans la préparation.
C’est pourquoi les exercices, la capitalisation des retours d’expérience (REX) et la mise à jour régulière sont au cœur de la doctrine française en matière de gestion d’accidents majeurs.

4.1. L’exercice, pierre angulaire du dispositif

Le décret n°2020-1168 du 24 septembre 2020 impose désormais la réalisation d’un exercice au moins une fois par an pour les établissements Seveso seuil haut, et tous les trois ans pour les autres sites soumis à POI.
Mais au-delà de l’obligation, l’exercice est avant tout un moment d’apprentissage collectif.

Les sites les plus matures distinguent trois niveaux d’exercice :

  • Exercice sur table : simulation théorique, utile pour tester la chaîne de décision et la communication interne.
  • Exercice terrain : mise en œuvre réelle des moyens humains et matériels sur une zone donnée.
  • Exercice combiné POI/PPI : coordination entre l’exploitant, le SDIS, la préfecture et les communes concernées.

Chaque exercice a un objectif précis : tester une procédure, un scénario, un maillon de la chaîne, ou tout simplement renforcer la culture de crise au sein des équipes.

4.2. Retour d’expérience : transformer l’action en progrès

Après chaque exercice ou incident réel, un retour d’expérience (REX) doit être organisé.
L’objectif est d’analyser à froid ce qui a bien fonctionné, ce qui a posé problème, et les points à améliorer.

Un REX de qualité repose sur :

  • Une analyse factuelle, sans recherche de responsabilité individuelle ;
  • La participation de tous les acteurs : exploitant, SDIS, DREAL, sous-traitants ;
  • Une synthèse claire, diffusée et suivie d’un plan d’action.

Les conclusions du REX servent ensuite à actualiser le POI, enrichir les formations et améliorer la coordination.
Le GESIP et l’INERIS encouragent la capitalisation de ces retours dans des bases internes ou partagées, pour renforcer la mémoire organisationnelle.

4.3. Formation continue et appropriation

Un POI ne peut être efficace que si chacun connaît son rôle et ses gestes réflexes.
La formation doit être régulière, adaptée à la fonction et au niveau de responsabilité :

  • Sensibilisation du personnel à l’alerte et à la mise en sécurité ;
  • Formation pratique des ESI aux techniques d’intervention ;
  • Entraînement du DOI et du COI à la gestion de crise ;
  • Briefings périodiques pour maintenir la vigilance et la connaissance du plan.

L’appropriation collective du POI transforme la réaction individuelle en réponse coordonnée.
C’est ce qui fait passer la prévention du stade de la règle à celui du réflexe.

4.4. Mise à jour : maintenir la pertinence

Un POI n’est jamais figé.
Toute évolution du site (nouveaux procédés, aménagements, produits, fournisseurs, canalisations, etc.) doit entraîner une révision du plan.
Les DREAL recommandent une revue annuelle formelle, intégrant :

  • la vérification des coordonnées, des plans et des moyens ;
  • la cohérence entre le POI, le PDI et le PPI ;
  • l’intégration des enseignements du dernier REX.

Un POI obsolète peut créer plus de confusion que d’efficacité.
À l’inverse, un plan vivant, connu et testé, devient un véritable outil de maîtrise du risque.

4.5. De l’obligation à la culture

Tester, former, améliorer : ces trois verbes résument la philosophie du POI moderne.
Un plan d’opération interne n’est pas une simple réponse à un texte réglementaire.
C’est un langage commun, partagé entre les salariés, la direction, les secours et les autorités.
C’est aussi un outil de confiance, car il prouve que l’exploitant est prêt à gérer l’imprévu, pour protéger, réagir et transmettre une image de maîtrise et de responsabilité.

5. Le POI dans la chaîne globale de gestion de crise

Le Plan d’Opération Interne (POI) ne fonctionne pas en vase clos.
Il constitue le premier maillon d’une chaîne de plans qui structure la réponse française aux risques technologiques : du site industriel à la préfecture, du réflexe opérationnel à la stratégie territoriale.
Sa force réside dans cette capacité à s’articuler avec les autres dispositifs pour former un système cohérent et gradué.

5.1. Du POI au PPI : le relais entre l’industriel et l’État

Tant que l’événement reste confiné à l’intérieur du site, la gestion relève exclusivement du POI et du DOI.
Mais dès que les effets peuvent toucher l’extérieur, panache toxique, explosion, pollution, le Préfet prend la main en activant le Plan Particulier d’Intervention (PPI).

Cette bascule marque le passage :

  • d’un commandement interne (DOI / COI) à un commandement externe (COS) ;
  • d’une logique d’exploitation à une logique de sauvegarde des populations.

Le POI devient alors une source d’information essentielle pour le COD (Centre Opérationnel Départemental) : plans du site, fiches produits, scénarios d’accident, points d’eau, réseaux, etc.

Une articulation fluide entre POI et PPI conditionne la réussite de la gestion globale de crise.

5.2. L’intégration du PSI et du PDI : sécurité des réseaux et moyens hydrauliques

Le POI entretient des liens directs avec deux autres plans :

  • Le PSI (Plan de Sécurité et d’Intervention), lorsqu’un site est traversé par une canalisation de transport de gaz, d’hydrocarbures ou de produits chimiques.
    En cas de rupture, la coordination entre le PSI de l’exploitant du réseau et le POI du site voisin doit être immédiate.
  • Le PDI (Plan de Défense Incendie), qui garantit la disponibilité des moyens
  • hydrauliques internes et externes nécessaires à la lutte contre le feu.
    Le POI s’appuie directement sur le PDI pour évaluer les débits, les réserves et les redondances disponibles.

Ainsi, le POI devient un hub de coordination technique entre les dispositifs internes de sécurité et les ressources du territoire.

5.3. Le PPRT : penser l’amont et le long terme

Le Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) agit en amont, mais il complète la logique du POI en réduisant la vulnérabilité du voisinage.

Les enseignements tirés des exercices ou des accidents réels (fuites, explosions, incendies) alimentent souvent les réflexions d’urbanisme et de planification.
Autrement dit, le POI protège dans l’instant, le PPRT protège dans la durée.

Cette continuité entre gestion de crise et aménagement du territoire incarne la philosophie française : prévoir, agir, reconstruire.

5.4. Une logique de complémentarité, pas de superposition

Ces différents plans n’agissent pas en concurrence, mais en complément.
Chaque niveau a son rôle, sa temporalité et son périmètre :

 

Niveau

Plan

Responsable principal

Objectif

Interne

POI

Exploitant

Maîtriser l’incident à la source

Externe

PPI

Préfet

Protéger la population et coordonner les secours

Sectoriel

PSI

Transporteur / Exploitant réseau

Sécuriser les canalisations et réseaux

Technique

PDI

Exploitant + SDIS

Garantir les moyens hydrauliques

Territorial

PPRT

Préfet

Réduire la vulnérabilité des zones exposées

Cette architecture assure une montée en puissance progressive de la réponse, du réflexe individuel à la coordination nationale, sans rupture entre acteurs.

5.5. Une culture commune à construire

La cohérence entre POI, PPI, PSI, PDI et PPRT repose sur un socle immatériel : la culture de crise partagée.

Les exercices conjoints, les réunions interservices, les formations croisées ou les visites de sites créent ce langage commun entre exploitants, secours et autorités.

Cette culture, fondée sur la confiance et la connaissance mutuelle, fait du POI bien plus qu’un plan interne : c’est le point de départ d’une résilience collective, celle qui permet à chacun de savoir quoi faire quand tout bascule.

Conclusion — Comprendre pour agir, agir pour prévenir

Le Plan d’Opération Interne n’est pas un simple document réglementaire : c’est le premier maillon de la gestion de crise industrielle.

Pensé pour protéger les personnes, maîtriser les effets et soutenir la coordination avec les secours publics, il incarne la capacité d’un site à réagir avant que la crise ne s’impose.

Sa force repose moins sur les procédures que sur la préparation : l’entraînement des équipes, la clarté des rôles, la qualité du lien entre exploitant et SDIS.
Un POI efficace n’est pas seulement conforme : il est vivant, partagé et testé.

La réglementation fixe le cadre, mais la véritable résilience naît du terrain, là où les hommes et les femmes, formés et coordonnés, transforment la règle en réflexe.

Préparer, c’est déjà prévenir. Et prévenir, c’est protéger.

Pour aller plus loin !

Références réglementaires

  • Arrêté du 26 mai 2014 relatif à la prévention des accidents majeurs dans les installations classées mentionnées à la section 9, chapitre V, titre Ier du livre V du Code de l’environnement.
  • Arrêté du 24 septembre 2020 modifiant l’arrêté du 26 mai 2014 — renforcement des exigences liées au POI, aux exercices, et extension de l’obligation aux sites Seveso seuil bas.
  • Code de l’environnement, articles L.515-41 et suivants — dispositions générales relatives à la prévention des accidents majeurs et à la planification interne d’urgence.

Ressources officielles

  • Ministère de la Transition Écologique – La prévention des risques technologiques
  • GESIP – Guides et recommandations opérationnelles POI / PPI / PSI
  • INERIS – Base ARIA – Retours d’expérience sur les accidents industriels
  • DREAL – Plans d’urgence et contrôles des établissements Seveso
  • CNPP – Référentiels APSAD (R6, R13, R81) : maîtrise incendie, organisation de crise et retour d’expérience.

Sur Le Guide HSE

Cet article s’inscrit dans la série “Les cinq piliers de la gestion de crise technologique”, consacrée à la compréhension et à la mise en œuvre des plans suivants :

  • POI – Plan d’Opération Interne : la première ligne de défense.
  • PPI – Plan Particulier d’Intervention : coordonner et protéger.
  • PSI – Plan de Sécurité et d’Intervention : sécuriser les réseaux.
  • PDI – Plan de Défense Incendie : garantir les moyens.
  • PPRT – Plan de Prévention des Risques Technologiques : anticiper sur le long terme.

Chaque dossier combine cadre réglementaire, bonnes pratiques et retours d’expérience pour transformer la planification en culture de crise.

FAQ — Tout savoir sur le Plan d’Opération Interne (POI)

  1. Qu’est-ce qu’un Plan d’Opération Interne (POI) ?

Le POI est le plan d’urgence interne élaboré par l’exploitant d’un site industriel pour organiser la réponse en cas d’accident.
Il définit les rôles, les moyens et les procédures à suivre pour protéger le personnel, maîtriser l’événement et prévenir toute propagation à l’extérieur du site.

  1. Qui est responsable du POI ?

L’exploitant est le seul responsable de la rédaction, de la mise à jour et du déclenchement du POI.
Il en assure la mise en œuvre et la coordination sur site jusqu’à l’arrivée des secours publics.

  1. Quels sont les acteurs clés d’un POI ?

Le POI mobilise principalement :

  • le Directeur des Opérations Internes (DOI) : chef de crise sur site ;
  • le Centre Opérationnel Interne (COI) : cellule de coordination et de communication ;
  • les Équipes de Seconde Intervention (ESI) : intervenants formés pour la lutte technique et la sécurité du personnel.
  1. Quelle est la fréquence des exercices POI ?

Depuis le décret du 24 septembre 2020, les sites Seveso seuil haut doivent réaliser un exercice POI au moins une fois par an.
Pour les autres établissements soumis à POI, la fréquence minimale reste tous les trois ans.

  1. Quelle différence entre POI et PPI ?

Le POI gère la crise à l’intérieur du site industriel (niveau interne).
Le PPI, déclenché par le préfet, coordonne la réponse publique lorsque les effets potentiels dépassent les limites du site (niveau externe).

  1. Le POI est-il obligatoire pour tous les sites ?

Non. Il est obligatoire pour les établissements Seveso seuil haut et certains seuil bas.
Les autres ICPE doivent néanmoins prévoir des procédures internes de maîtrise des incidents, adaptées à leurs risques.

  1. Que doit contenir un POI ?

Le plan doit préciser :

  • les scénarios d’accidents majeurs identifiés dans l’étude de dangers ;
  • les moyens humains, matériels et de communication disponibles ;
  • les procédures d’alerte et de mise en sécurité ;
  • les modalités de coopération avec les secours externes.
  1. Quelle est la base réglementaire du POI ?

Le POI est défini par :

  • l’arrêté du 26 mai 2014 relatif à la prévention des accidents majeurs,
  • modifié par l’arrêté du 24 septembre 2020, pris en application du Code de l’environnement (articles L.515-41 et suivants).

1 réflexion sur “Plan d’Opération Interne (POI) : comprendre, organiser et tester”

  1. Ping : Plan Particulier d’Intervention (PPI) : protéger les populations et coordonner la réponse publique

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